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AVIS BD : Elric – Cycle premier – Tomes 01 à 04

Bien le bonjour ! Suite à la sortie du tome 5 d’Elric aux éditions Glénat, cette sortie annonce le début d’un nouvel arc. J’ai à cœur de revenir vers vous pour vous parler des quatre premiers tomes qui représentent le Premier Cycle : Melniboné. Avant de découvrir Elric tout récemment, grâce à cette adaptation en bande dessinées de cette célèbre saga née sous la plume de l’écrivain Britannique Michael Moorcock, je ne connaissais ni le personnage, ni le roman original, ni l’auteur. Et je n’ai pas les mots pour vous dire à quel point cela a été un énorme coup de cœur.


Synopsis : Melniboné, l’île aux Dragons, régnait jadis sur le monde. Désormais les Dragons dorment et Melniboné dépérit. Sur le trône de Rubis siège Elric, le prince albinos, dernier de sa race, nourri de drogues et d’élixirs qui le maintiennent tout juste en vie. La menace plane ; alors il rend visite au Seigneur du Chaos, Arioch, et conclut un pacte avec lui.

Loup blanc. Champion d’Arioch. Jouet des Dieux. Assassin de ton peuple. Des siècles après ta mort, ta légende et ton nom resteront gravés dans les mémoires… Les plus belles reines du monde se damneront pour mourir de ta main, comme ta mère avant elles. Les plus grands souverains tomberont à tes pieds en maudissant ton nom, comme ton père avant eux… Elric, dernier Empereur de Mélniboné… Appelle-moi, maudis-moi, attends-moi, mon aimé, car bientôt nous serons réunis…



Michael Moorcock

“Parmi toutes les remarquables adaptations graphiques des histoires d’Elric existantes, il en est une dont je peux dire sans réserve qu’elle rejoint ma version originale au plus près. Et c’est celle que vous avez sous les yeux. […] le récit que vous vous apprêtez à lire ici est la saga de l’Albinos que j’aurais moi-même écrite si j’y avais pensé le premier ! […] Cette adaptation d’Elric est peut-être la première à pleinement saisir la notion d’absolue décadence que j’ai cherché à dépeindre dans mes livres.”

Quoi de mieux pour se mettre en appétit que cet avant-propos écrit par Michael Moorcock lui-même ?!
Car en effet, ici, nous sommes sur de la dark fantasy à l’état pur, aussi bien dans le récit que dans les dessins. Et si ce genre vous plait, je peux vous assurer que vous serez comblé avec cette adaptation. On est tout de suite plongé dans cet univers sombre et captivant, sans pouvoir en sortir avant d’avoir lu la dernière page.

Une vie pour un trône Elric, et un trône pour une vie.

Elric est un Empereur maudit par la maladie. Sa condition ne lui permettant à peine de tenir debout, il est maintenu en vie grâce aux rituels de sang prodigués par sa bien aimée sorcière et reine, Cymoril. Il est le dernier descendant de sa lignée, régnant sur Melniboné, un empire de plusieurs milliers d’années dont sa toute puissance et sa grandeur est issue de pactes et d’offrandes aux Dieux du Chaos. Afin de ne pas contrarier ces dieux et de garder leur faveur, il est fréquent que des esclaves soient vidés de leur sang et étripés en leur hommage lors de banquets où s’ensuit une grande débauche afin de s’adonner aux plaisirs de la chair, immaculé de ce sang. Cannibalisme, rituels de sang, offrandes morbides, orgies gores, ceci est le quotidien du peuple dans la grande citée qui rêve.

Cependant, Elric est las de toute cette décadence et s’inquiète de la montée en puissance des Jeunes Royaumes peuplés d’humains. Cette introspection et sa haine des traditions melnibonéennes lui attire les foudres de son cousin Yyrkoon, plus proche successeur, qui complote sa mort afin de s’emparer du trône et d’épouser lui-même Cymoril. Cependant, les dieux ont d’autres projets pour Elric et décident de le sauver. Ils lui donnent Stormbringer, une épée noir qui absorbe les âmes de ses victimes pour donner force et vigueur à celui qu’elle aura désigné comme son Maître, afin qu’il puisse se venger et accomplir son destin : détruire son peuple.


Au premier abord, l’histoire d’Elric parait simple, mais c’est très rapidement que tout l’intérêt de l’œuvre prend forme, dépeignant un héros cynique, bien que capable de compassion, et torturé par une question qui l’obsède : Est-il réellement le maître de son destin ou n’est-il qu’en fait le jouet des dieux ?
Beaucoup d’autres questions se poseront à nous. Certaines resteront sans réponse (pour le moment) alors que d’autres seront résolues quelques pages plus loin, nous tenant en haleine en attisant notre curiosité et favorisant le développement d’un univers rempli de mystère du début à la fin.

Ne connaissant pas l’œuvre originale, je ne peux pas dire à quel point cette adaptation lui est fidèle. Mais malgré cela, il est impossible de nier que les scénaristes Julien Blondel et Jean-Luc Cano ont fait un formidable travail d’écriture.

Côté rythme, on notera qu’il est très soutenu ce qui empêche le lecteur de s’ennuyer. Malheureusement, cela nuit également au développement des personnages secondaires et de certaines intrigues. En effet, à raison d’une cinquantaine de pages par volume, il est difficile de développer autant que l’on aurait souhaité. La frustration fait partie intégrante de l’œuvre !

Entre trahisons et rebondissement inattendu, nous suivrons Elric tout au long de son parcours en quête de rédemption. Mais cela serait sans compter sur son épée Stormbringer. Certes, elle lui permet de vivre, mais en échange elle lui réclame toujours plus de sang. Ce qui, malgré les meilleures intentions de son maître, entraîne la mort de tous ceux qui s’approchent de lui.




Un univers parfaitement illustré.

Concernant les graphismes, c’est un sans faute. Tous les personnages sont charismatiques, les robes, les vêtements et les armures sont somptueusement détaillés. De plus, les protagonistes n’hésitent pas à régulièrement changer de tenue, ce qui renforce davantage la crédibilité et ainsi l’immersion. C’est fin, original, sombre, varié, et on est à des années lumières des clichés du genre (abusant de piques et de chaînes à tout va).

Du côté des décors, c’est grandiose. Sur terre comme sur mer, la qualité des dessins nous permet de nous immerger dans cet univers dense, complexe et varié. On passe d’une cité bâtie dans la roche à de vastes plaines enneigées, en passant par des forêts marécageuses ou encore des ruines d’un autre âge, oubliées de tous. On notera également une certaine grandeur renforçant le caractère surnaturel de l’œuvre. Elric nous fait voyager et c’est pour notre plus grand plaisir.

Cependant, si je devais trouver un défaut, je dirais que les planches, aussi belles et travaillées soient-elles, sont parfois très colorées et saturées, ce qui tranche par certains moment avec le côté sombre de l’œuvre. Alors certes, il est possible que cela soit volontaire, afin de donner du contraste avec les moments qui font de cette œuvre une des plus grandes œuvres de dark fantasy. Cependant, il m’est arrivé à quelque reprise de trouver que la palette de couleur choisie n’était pas toujours adéquate.

Nous pouvons noter aussi, plusieurs planches avec des traits plus épais que d’autres, ce qui crée de gros contours sur les personnages et leur donnent un aspect plus “cartoon”.
Encore une fois, cela est très rare et Elric reste un régal pour les yeux grâce au travail incroyable des artistes Robin Recht, Didier Poli, Julien Telo et Jean Bastide.




En bref, vous aurez compris qu’Elric est une œuvre mature, pour public averti. Une adaptation en bande dessinée d’une Saga qui fit sa première apparition en 1961, par Michael Moorcock, et qui fit d’elle l’une des premières et l’une des plus grandes œuvres de la Dark Fantasy.

Elric de par son design et sa personnalité toute particulière, a sans nul doute été à l’origine d’un grand nombre d’inspirations. Son surnom de Loup Blanc nous fera de suite penser à Geralt de Rive, notre Sorceleur tant aimé, alors que son design et son épée mangeuse d’âme m’ont tout de suite fait penser au vampire Kain du jeu Blood Omen.

Cette adaptation est parfaitement illustrée. Le travail des dessinateurs et des scénaristes est remarquable ! La multitude de détails et la qualité des dessins nous transportent et nous immerge d’une planche à l’autre avec une facilité déconcertante.

Alors si vous aimez Berserk et l’esthétique des Dark Souls, cette bande dessinée est faite pour vous ! Je remercie les éditions Glénat pour l’envoi de ces tomes et il me tarde de vous parler du cinquième tome déjà disponible !

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